Tout commence par un croquis. Une ligne. Une simple courbe, fine, pure. Une ligne de 5 millimètres d’épaisseur. Je veux montrer l’élégance du métal, sa finesse, son équilibre, face à sa puissance brute. C’est ainsi qu’est née la lampe Emö.

Ce croquis a été le début d’une véritable recherche. J’ai fait des prototypes, testé différents alliages, différentes façons de travailler la matière. J’ai voulu apporter de la consistance à cette ligne délicate, lui donner du relief, de la texture. J’ai commencé à marteler l’acier au marteau-pilon, un geste ancestral que j’ai voulu conserver dans ma démarche contemporaine. Puis j’ai apporter la matière laiton, que je chauffe au chalumeau, juste avant son point de fusion, pour lui donner un aspect précis, sans qu’il ne fonde totalement. À 1200 degrés, j’approche le laiton de l’acier en fusion. C’est un moment de concentration extrême : les deux métaux se rencontrent, se mélangent, se marient. Un peu de cuivre vient parfois enrichir cet échange. C’est une alchimie. Une magie.

J’utilise différentes techniques de chauffe,  le chalumeau et la forge, le chalumeau apporte la précision alors que la forge va apporter une chauffe plus large pour une effet de matière plus diffu.

Et c’est cette tension qui m’intéresse : la brutalité de la matière en fusion et, en contraste, la délicatesse du design. Cette lampe n’est pas seulement un objet lumineux. C’est un manifeste. Elle incarne la dualité : force et douceur, masculin et féminin, feu et précision.

Un jour, en lisant le livre Le dialogue avec les anges, je tombe sur le pronom hongrois « ö », qui signifie à la fois « elle » et « lui ». Ce mot m’a bouleversée. J’y ai vu le reflet parfait de ma création. Emö était née, non seulement comme une lampe, mais comme un symbole. Celui de l’émotion, de l’équilibre, du dialogue des contraires.